Om LOMBARD : “Le Bio à Maurice : La grande interrogation” for journal Défi Quotidien – 05/2011 MAURITIUS

Boulangerie La Provençale : L’unique atelier de fabrication de pains bio à Maurice
«Manger du bio, c’est essentiel et presque une nécessité », assure Om Lombard, propriétaire de la boulangerie La Provençale, l’unique atelier de fabrication de pain bio à Maurice.

Le bio fait une toute petite percée à Maurice. Si certains supermarchés proposent des produits issus de cette agriculture écologique, il semble, toutefois, que les Mauriciens hésitent encore à franchir le pas : prix élevé, manque d’intérêts... Pourtant les bienfaits des produits bio ne sont plus à démontrer. Le bio… demeure une grande interrogation pour bon nombre de Mauriciens.  Pour les plus avertis, le bio est synonyme de santé. À l’instar de Christophe Miranda que nous avons rencontré devant le rayon bio d’un supermarché. « J’ai découvert les produits bio quand j’étais en France. En venant à Maurice, j’essaye de garder le rythme, toutefois j’ai constaté que les prix n’étaient pas abordables. Mais si on veut rester en bonne santé, il faut faire un effort », explique Christophe Miranda. Pour d’autres, en effet ce qui freine l’achat de produits bio c’est avant tout une affaire de prix. « Je ne vois pas comment je vais me permettre d’acheter une boîte de petit pois à Rs 70. C’est très cher même si c’est bon pour la santé. Il faut avoir les moyens », explique Serge M. Tandis que pour bien d’autres Mauriciens, « le bio, c’est quoi ?! » L’adjectif bio, qui vient de «biologique », s’oppose à « chimique » ou à « synthétique ». Les produits alimentaires « bio » sont issus d’une agriculture naturelle sans engrais ou pesticides chimiques de synthèse. Les hypermarchés, surtout ceux qui sont situés sur les côtes, commencent à s’intéresser à ce créneau. On y trouve de plus en plus un rayon consacré uniquement aux produits bio. Et encore le nombre de produits proposés a doublé. Mais les prix sont relativement chers comparer aux produits conventionnels. On peut trouver des briques de jus d’un litre pour Rs 139, des conserves de 660 grammes de petits pois aux carottes à Rs 149 ! Des pâtes, allant du spaghetti, aux torsades, penne, tagliatelle dans une fourchette de prix allant de Rs 54 à Rs 84. Des biscuits (galettes bretonnes) à Rs 78 ou même de la confiture bio pour Rs 142. Le bio s’invite aussi dans le rayon laitier avec le lait de soja, on trouve également du café bio, des céréales bio etc. Mais pour consommer bio, « il faut tout d’abord le produire ». Tel est le constat de Bernard Astruc, vice-président de Bio Consom’acteurs France (association française de consommateurs bio). Et pour ce faire, il précise qu’il s’agit avant tout d’un choix politique. « Tout commence par une vision qui est de se diriger vers l’agriculture biologique. Le gouvernement doit trancher net entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. Car j’ai constaté qu’à Maurice, l’agriculture conventionnelle est omniprésente sans compter qu’il y a une tendance pour l’hydroponique qui n’utilise même pas la terre et de ce fait est d’autant plus artificiel !», affirme Bernard Astruc. De ce choix politique s’ensuivra le financement, la recherche, la formation des agriculteurs ainsi que la sensibilisation des consommateurs. Toutefois avec notre climat tropical et les problèmes parasitaires, l’agriculture biologique peut faire face à quelques problèmes. Mais il y a toujours des solutions. « Si à La Réunion où il y a le même climat, ils sont partis pour l’agriculture biologique alors pourquoi pas à Maurice ?». Mais si les produits bio sont relativement plus chers que les produits conventionnels, c’est avant tout lié aux coûts de la main-d’œuvre explique Bernard Astruc qui s’empresse d’ajouter « la santé n’a pas de prix ». Si les produits bio ne trouvent pas preneurs à Maurice, le vice-président de Bio Consom’acteurs précise qu’il en était de même en France il y a quelques années de cela. « C’est suite aux grands problèmes qui ont touché l’alimentation que les Français ont changé leur mode de consommation. Aujourd’hui sur une population de 65 millions de Français, 40 % consomment du bio irrégulièrement. C’est considérable d’autant plus que la consommation augmente de 10 % chaque année », révèle Bernard Astruc. Diane Desmarais : «  L’étiquette bio peut être trompeuse » Manger bio c’est bon pour la santé… c’est sain… ce genre de propos vous l’entendez de plus en plus souvent. Mais quels sont les véritables bienfaits du bio ? Diane Desmarais, nutritionniste nous en parle. Consommer des produits exempts de produits chimiques c’est ça le bio. Et depuis quelques années le bio est d’actualité, car en consommer donne l’assurance de manger des produits pourvus d’excellente qualité nutritive. « Les produits bio contiennent beaucoup plus de nutriments que les produits conventionnels. Et le bio est dépourvu d’hormones, d’engrais chimiques et surtout de pesticides. Ainsi manger bio assure de manger des aliments bons pour la santé et permet à notre système de se ressourcer », explique la nutritionniste. Sans oublier que les produits bio conservent encore mieux leurs nutriments grâce à un contrôle rigoureux de la maturité des produits, de leur stockage ou encore du climat et de la qualité de la terre où ils sont cultivés. Outre le côté nutritionnel, les produits bio ont aussi… meilleur goût ! « De part leurs apports nutritionnels, ces produits ont une saveur plus relevée que les produits conventionnels. Et au niveau goût, dans le cas de certains aliments on arrive à détecter la différence des saveurs entre le bio et le conventionnel. Entre le poisson sauvage et le poisson d’élevage par exemple on peut facilement faire la différence », ajoute-t-elle. Toutefois cela ne servira à rien de manger bio si on adopte une mauvaise méthode de cuisson. « Comme par exemple prolonger la cuisson des légumes fait perdre leurs éléments nutritifs. Si on mange bio, il est conseillé de manger cru le plus souvent possible », assure Diane Desmarais. Toutefois il faut faire très attention en achetant des produits bio car un produit dont l’étiquette indique que c’est bio ne l’est pas forcément ! « Il peut y avoir un seul ingrédient dans le produit qui est bio. Il faut bien lire les ingrédients et privilégier les produits avec le label bio qui indique clairement que le produit est issu de l’agriculture biologique », insiste la nutritionniste. « Mais, c’est plus cher ! », avoue-t-elle. Et oui, les coûts de production étant plus élevés et les rendements plus faibles, le prix de vente est environ 30 % plus cher que les produits conventionnels. « Les gens ne connaissent pas vraiment le bio à Maurice, et les importateurs sont obligés d’importer en petite quantité ce qui coûte plus cher », précise Diane Desmarais. Toutefois la nutritionniste conseille de manger bio aussi souvent que possible surtout quand il s’agit de produit qui contient beaucoup d’engrais chimiques comme le blé et les céréales. Boulangerie La Provençale : L’unique atelier de fabrication de pains bio à Maurice «Manger du bio, c’est essentiel et presque une nécessité », assure Om Lombard, propriétaire de la boulangerie La Provençale, l’unique atelier de fabrication de pain bio à Maurice. Depuis 2009, le village de Grand-Gaube est doté d’une boulangerie hors du commun. Une boulangerie qui propose uniquement des pains bio ‘Les frères Lombard’. Om et Julien en sont les propriétaires. S’ils ont décidé de se lancer dans le bio et plus particulièrement dans la fabrication de pains bio, c’est parce que manger bio de nos jours est devenu primordial, estime Om Lombard. « On cherche à produire le plus possible dans le moins d’espace possible et le plus vite possible. Cela s’applique pour la culture agricole, céréalière ou fruitière. En ce faisant, ils doivent avoir recours à plus de produits chimiques et de pesticides. Ce qui est très mauvais pour la santé. Ainsi consommer bio devient plus qu’essentiel pour éviter d’avoir des problèmes de santé », précise Om, mannequin et artisan boulanger ( !). Conscient du besoin de consommer ce type de produit, Om Lombard a décidé d’ouvrir une boulangerie bio à Maurice. Après une étude de marché, plutôt défavorable, il a quand même foncé pour ouvrir sa boulangerie. « À l’époque, le bio était méconnu à Maurice. Mais je voulais à tout prix me battre pour un produit bon pour la santé », indique Om Lombard. D’autant que ce métier d’artisan boulanger, il le tient de son père. Il gagnait sa vie comme promoteur immobilier sur la Côte d’Azur mais sa vraie passion était la boulangerie artisanale bio. « Il y a 35 ans de cela, mon père a ouvert la première boulangerie bio traditionnelle sur la Côte d’Azur », précise Om, tout fier. Dans sa boulangerie, Om propose une dizaine de différentes recettes de pain complet qui comprend du pain aux graines de sésame blanc, sésame noir, pavot, tournesol, lin, du pain olive-fromage, du pain aux noix, du pain de seigle et des pains briochés sans beurre aux fruits et au miel et au chocolat. Les pains artisanaux de la boulangerie la Provençale sont vendus dans 12 points de vente à travers l’île. Le prix d’un pain tourne autour de Rs 200. Le coût élevé de ce pain et des produits bio s’explique aussi par le fait que la demande est minime. « Les ingrédients que j’achète en petite quantité coûtent cher. Mais il faut prendre en compte le poids du pain qui est de 600 grammes et on peut en manger pendant plusieurs jours. Toutefois j’estime que c’est une question de priorité dans la vie. On dépense plus mais on est sûr de ne pas manger de produits chimiques », plaide Om Lombard. Du bio pour ma peau ! Des produits de beauté bio on en trouve dorénavant sur le marché. Et ils trouvent de plus en plus preneurs. Les produits de beauté bio ont envahi le monde de la beauté et les femmes aussi bien que… les hommes sont concernés. De nos jours, on retrouve différents types de produits bio, des crèmes hydratantes, des crèmes colorantes ou des shampooings et ils sont disponibles un peu partout désormais. « Mettre au contact de notre peau et de nos cheveux des produits entièrement naturels, c’est un bienfait important pour notre santé », précise Nareeman Bauluck, spécialiste en produits bio et qui détient sa formation des laboratoires Herbes Sauvages de La Réunion. Mais qui dit naturel ne veut pas nécessairement dire bio. Selon notre interlocutrice, tout ce qui se trouve dans la nature peut être qualifié de naturel tels que les plantes ou les argiles. On peut en dire de même pour les huiles essentielles et les extraits de plantes étant obtenus à partir de plantes, suite à des actions mécaniques. Selon Nareeman Bauluck, cette notion de « produits naturels » ou « produits d’origine naturelle » est toujours à regarder de près, car le terme est souvent usurpé. Selon notre interlocutrice, pour ne pas se laisser prendre il est important de lire les étiquettes. En ce qui concerne, l’efficacité de produits bio ils ne sont plus à prouver. « Grâce à une concentration en principes actifs végétaux maximale, ces produits sont d’autant plus performants », précise notre interlocutrice. Et le résultat est aussi rapide qu’un produit avec des ingrédients chimiques. Toutefois, Nareeman Bauluck fait ressortir pour qu’un produit bio donne de bons résultats, il faut qu’il marche de paire avec une bonne hygiène alimentaire, ce qui aidera à accélérer l’efficacité du produit. « Si une personne est stressée et si cette personne utilise une crème contre les cernes, alors cela n’aura aucun effet aussi longtemps que la source du problème n’est pas traitée », fait ressortir Nareeman Bauluck. Parmi les plantes et légumes le plus souvent utilisés dans les produits de beauté bio, on retrouve le cresson contre la chute de cheveux, le thym contre l’acné, la papaye et l’aloe vera contre les taches brunes… Et si certaines pensent que les prix des produits de beauté bio sont plus élevés, Nareeman Bauluck s’empresse de préciser qu’ils ne sont pas plus chers que les produits conventionnels de beauté .

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *